PROCES du Dr KROMBACH à COBURG
des Lundi 16 + Mardi 17 Juillet 2007
A - ORIGINES :
Début juillet 2006
j'ai reçu un e-mail
d'une dame habitant à Rödental m'informant :
- qu'elle avait
été en consultation dans son cabinet médical habituel
du Dr GROSSE (décédé dans des circonstances mystérieuses
le 25 janvier 2006) mais qu'elle avait été reçue
par le Dr Krombach (qu'elle avait trouvé "spécial") qui
faisait le remplacement
- qu'en cherchant
alors des renseignements pour mieux connaître ce nouveau médecin
dont elle se méfiait, elle avait trouvé le reportage de 45
mn diffusé par la télévision le 15 mai 2006 par la
chaîne A R D dans l'émission "die Story" ainsi que mon Site
Internet et celui de l'Association Justice pour Kalinka
- qu'en conséquence,
très ahurie de constater qu'un tel personnage pouvait encore pratiquer
la médecine, elle a signalé son cas au maire de Rödental
qui a transmis sa déclaration à la police
- mais qu'entre-temps
le Dr Krombach a disparu le 02 juin 2006 sans laisser aucune trace.
J'ai donc communiqué à cette femme l'adresse exacte du Dr
Krombach à Scheidegg, ce qui a permis au Parquet de Coburg d'ordonner
à la police d'effectuer des enquêtes nationales après
avoir perquisitionné d'abord au cabinet de Rôdental
(où le Dr Krombach résidait depuis le 14 février 2006)
puis le 20 septembre 2006 à son domicile de Scheidegg.
C'est dans ce cadre que le Dr Krombach a été arrêté
le 20 novembre 2006 et placé en détention provisoire
à la prison de Kronach, incarcéré sur la base d'un
mandat du 06 novembre 2006 du Juge d'Instruction de Kronach.
B - l'ACTE d'ACCUSATION :
J'ai pu me procurer un exemplaire de ce document (comportant 10 pages) daté du 14 mars 2007 qui relève d'abord que le 09 octobre 1997 le Tribunal de Kempten avait condamné le Dr Krombach (qui avait avoué avoir violé dans son cabinet une jeune fille de 16 ans qu'il avait anesthésiée) à 2 ans de prison avec sursis et à 2 ans d'interdiction d'exercer la médecine. Ce médecin n'avait depuis lors pas récupéré son habilitation malgré sa demande qui a été refusée par les autorités de la Hesse suite à une expertise médicale en fin 2003.
Or les enquêtes ont démontré que le Dr Krombach a quand
même travaillé comme médecin indépendant (soit
généraliste, soit spécialiste pour les maladies internes)
en effectuant 28 remplacements dans des cabinets médicaux
ou des hôpitaux ou cliniques pendant la période du
22 octobre 2001 au 08 septembre 2006 en percevant ainsi indûment
des honoraires s'élevant à 298 610 €, le tout
:
- en justifiant
faussement
être agréé pour exercer la médecine en présentant
parfois des copies certifiées conformes (ou non) de ses documents
anciens, ou des pièces falsifiées, dont son curriculum-vitae,
- en omettant
de préciser qu'il lui était interdit de pratiquer la médecine
- et en dissimulant
sa condamnation de 1997 pour viol.
Le Parquet estime donc que les responsables des établissements
médicaux :
- n'auraient
pas contracté avec le Dr Krombach
- et surtout ne
lui auraient pas versé ces honoraires
s'ils avaient
eu connaissance des faits véritables.
Ces 28 cas sont ensuite exposés aux pages 3 à 9 en
mentionnat pour chacun au moins :
- les coordonnées
détaillées de l'établissement médical où
le remplacement a été effectué
- les dates de
la période de travail
- le cas échéant
l'intermédiaire intervenu qui a mis les parties en relation
- les fonctions
exercées
- les éventuels
faux justificatifs présentés par l'accusé
- ainsi que les
montants détaillés des honoraires et frais payés.
En conclusion le Procureur accuse le Dr Krombach :
- d'avoir commis
des escroqueries dans ces 28 cas
- dont 19
de ces cas dans lesquels il a également exercé illégalement
la médecine.
En étudiant de près ces éléments j'en déduis
:
- que les 28 cas
d'escroqueries (prescription de 5 ans) couvrent toute la période
de 5 ans à compter du 22 octobre 2001 jusqu'au 08 septembre 2006,
- dont les 19
cas d'exercice illégal (prescription de 3 ans) concernent
seulement la période de 3 ans à partir du 08 septembre 2003
jusqu'au 08 septembre 2006 : ainsi le Dr Krombach n'a pas été
poursuivi pour ces infractions commises pendant les 2 ans antérieurs
prescrits !
- et que personne
n'a cherché à savoir ce que le Dr Krombach a fait pendant
la période prescrite d'octobre 1997 à octobre 2001
: je suis certain qu'il a aussi travaillé illégalement pendant
ces 4 années sans être inquiété !
En outre cet acte d'accusation ne mentionne pas du tout la condamnation par contumace du Dr Krombach par la Cour d'Assises de Paris du 09 mars 1995 à 15 ans de réclusion criminelle pour le viol et le meurtre de ma fille Kalinka (âgée de 14 ans) alors que j'avais bien personnellement signalé au préalable cette affaire à plusieurs reprises aux autorités judiciaires de Coburg !
C - le TRIBUNAL :
J'ai personnellement assisté à toutes les audiences publiques de ce procès avec mon traducteur-interprète ainsi qu'avec le Président de l'Association Justice pour Kalinka.
Ce procès s'est tenu dans une grande salle au 1er étage du
Palais de Justice de Coburg devant la 1ère Grande Chambre
Pénale du Tribunal de Grande Instance composée
:
- du Juge Président
: Gerhard AMEND
- du Juge Assesseur
: Dr GILLOT
- de 2 Jurés
: Mr Walter SCHINZEL-LANG et Mme Allmut SCHUHMANN
- de Martin DIPPOLD,
Procureur Chef de Groupe, qui représentait le Parquet
- et du Greffe.
La défense du Dr Krombach -accusé présent pendant
tout le procès, était assurée par Maître
Steffen UFER, le célébre avocat du barreau de Munich.
Je dois noter qu'UFER avait été -en tant qu'associé
principal de Rolf BOSSI- mon propre avocat de fin 1982 à
1988 contre le Dr Krombach !
Un professeur Expert Médical -qui avait en particulier suivi
le Dr Krombach pendant toute sa détention- était aussi présent
dans le prêtoire en permanence à la disposition du Tribunal.
D - LUNDI 16 Juillet 2007 :
1. Ouverture du Procès :
Après les présentations d'usage, le Procureur a d'abord procédé
à la lecture intégrale de son acte d'accusation.
Puis le Président surtout a exposé succinctement la vie
personnelle et professionnelle du Dr Krombach en lui posant parfois
des questions, ainsi qu'à son avocat ; le Juge Assesseur et le Procureur
sont aussi intervenus.
L'affaire Kalinka a été abordée dans ce cadre : j'ai retenu que le Dr Krombach et son avocat ont prétendu que la condamnation de 1995 par la Cour d'Assises de Paris a été "invalidée" en 2001 par la Cour Européenne de Strasbourg ; j'en ai parlé ensuite avec le Procureur et l'avocat ainsi qu'avec le Président sans réussir à faire noter que cette interprétation est fallacieuse !
2. Défilé des Professionnels Remplacés :
Puis le reste de la journée a été consacrée
au défilé des témoignages d'au moins 16 responsables
des établissements professionnels dans lesquels l'accusé
a effectué des remplacements ; le tribunal a ainsi vérifié
l'exactitude des éléments correspondants figurant dans l'acte
d'accusation tout en questionnant les témoins :
- sur leur négligence générale
: aucun d'entre eux n'a contrôlé la validité
des faux produits par le Dr Krombach ni son aptitude à travailler
! Seront-ils poursuivis pour leurs fautes ?
- et sur les remboursements par les
Caisses Sociales des honoraires versés au Dr Krombach : aucune
précision concrète n'a été apportée
; c'est le flou le plus artistique à ce sujet !
3
- Cependant certains des témoins
ont fait ressortir :
- des plaintes
professionnelles émises par les malades soignés ou les
collègues soignants sur les manquements de l'accusé
- de nombreux
éléments sur l'habituel comportement
sexuel du Dr Krombach surtout envers les
jeunes femmes soignées ou les jeunes soignantes : par exemples des
attouchements ou des exhibitions de son pénis !
- dont en particulier
2
jeunes infirmières qui ont eu le courage d'exposer les importunités
sexuelles du Dr Krombach à leur égard.
E - MARDI 17 Juillet 2007 :
1 . Témoignages des Professionnels Remplacés :
Pendant cette journée 7 autres responsables professionnels des établissements médicaux (dans lesquels le prévenu a effectué des remplacements) ont témoigné selon le même processus (questions posées surtout par le Président mais aussi par le Juge et le Procureur ainsi même que par l'avocat) et le mêmes résultats négatifs que la veille.
2. Aspects Sexuls :
En plus des éléments similaires exposés la veille, 2 femmes soignées ont confirmé des attouchements sur les seins, le ventre, les fesses,... des photos prises par l'accusé, des cadeaux qu'il a faits,... mais sans aller jusqu'au viol.
3. Lectures :
Le Président expose qu'il a reçu des injonctions pour faire
lire au Tribunal :
- la très longue lettre
du 10 mai 2007 adressée par le Dr Krombach et son avocat au Président
de la République allemande (Mr Köhler) pour solliciter
la clémence,
- et la lettre du 01 mai 2007
envoyée par les mêmes personnes au Conseil de l'Ordre
des Médecins pour relever tous les préjudices et inconvénients
subis par l'accusé surtout depuis 1997.
Le Président fait aussi lire l'intégralité du jugement rendu le 09 octobre 1997 par le Tribunal de Kempten dont en particulier l'aveu du Dr Krombach décrivant les détails du processus selon lequel il a violé dans son cabinet médical la jeune Laura S. qu'il avait au préalable anesthésiée.
4. Auditions des Policiers :
Le Commissaire de la Police Criminelle a exposé le déroulement
de ses enquêtes :
- 2 perquisitions ont été
faites dans les résidences de l'accusé : d'abord l'une à
Rödental qui a fait ressortir 15 cas, puis l'autre à Scheidegg
le 20 septembre 2006 qui a permis de découvrir 13 nouveaux cas
- un revolver avec des munitions
ont été trouvés : mais le Dr Krombach n'a pas été
poursuivi pour détention illégale d'armes !
- des seringues remplies d'un
liquide rouge sont aussi apparues : l'accusé a affirmé qu'elles
étaient destinées à son usage personnel
- le prévenu n'avait pas voulu
collaborer
pour éclaircir tous ces faits.
Le Commissaire de la Police Financière a donné d'autres
précisions :
- sur 4 cas de remplacements
pour lesquels les responsables ne s'étaient pas présentés
- un dossier complet était prêt
présentant la candidature du Dr Krombach pour aller travailler au
Rwanda
: la crainte de la fuite du prévenu à l'étranger a
aussi motivé sa détention préventive.
5. Témoignage de la Caisse Sociale :
Le
responsable du Service des Fraudes de la Caisse Sociale a exposé
:
- qu'un docteur qui n'a pas l'habilitation
d'exercer ne peut pas être payé
- mais que la vérification
de l'agrément est du ressort du Conseil de l'Ordre qui ne fait rien
: personne n'est donc impliqué !
Il en est ressorti qu'il n'y a pas de moyens de lutter contre la fraude
: la demande de remboursement par le Dr Krombach des honoraires
indûs n'a été qu'effleurée !
6. Témoignage par Video-Conférence :
La comparution de Mme Suzanne SEEBURGER avait au préalable été évoquée à plusieurs reprises : cette responsable du Cabinet du Dr GROSSE à Rödental s'était fait hospitaliser le lundi 16 juillet 2007 matin pour ne pas témoigner ; finalement le Procureur a exigé sa comparution par video-conférence.
Cette femme avait été la maîtresse du Dr GROSSE
: son rôle dans le décès (par suicide
?) de cet amant le 25 janvier 2006 reste flou ; le Dr Krombach l'avait
donc remplacé du 14 février 2006 jusqu'au 02 juin
2006 avec toutes les péripéties déjà décrites
dans les précédents témoignages.
De plus, Mme SEEBURGER et le Dr Krombach étaient devenus immédiatement
amants
(35 ans de différence d'âge) avec toutes les conséquences
qui en ont découlées pour le travail.
7. Expert Médical :
Un célèbre Professeur Expert Médical a ensuite
fait une longue déposition : c'est lui qui avait fait l'expertise
psychiatrique du Dr Krombach lors de sa demande de réapprobation
refusée fin 2003.
Il a en particulier exposé :
- que les maladies de coeur dont
se plaint l'accusé sont habituelles à son âge, d'autant
plus qu'il pratique imprudemment des sports intensifs
- que le prévenu est très
intelligent mais très caractériel et narcissique
avec des comportements habituellement déviants, histrioniques,
presque hystériques par la sexualisation de sa pensée
- et que le Dr Krombach veut toujours
paraître supérieur à ce qu'il est en mentant
en permanence : il se croit avec arrogance toujours au-dessus de
toutes les normes !
Ce Professeur a conclu, sur la question du Président, qu'en conséquence
il serait très dangereux pour autrui que l'accusé
exerce à nouveau la médecine.
F - FIN du PROCES :
1. Réquisitoire du Procureur :
En particulier, après avoir rappelé
que le Dr Krombach jette le discrédit sur toute sa profession,
le Procureur s'est alors livré à de savants calculs pour
chaque cas (selon que le montant des honoraires perçus s'est élevé
à + ou - 5 000 €) pour finalement requérir :
- 3 ans et
3 mois de prison ferme
- et l'interdiction
à vie d'exercer la médecine.
2. Plaidoirie de l'Avocat:
Maître UFER a en particulier exposé
:
- que le Dr Krombach
est victime des médias surtout français mais aussi
allemands
- que l'accusé
a beaucoup de dettes, surtout fiscales
- et que le prévenu
veut continuer à exercer la médecine "par passion"
pour conclure
que la défense estime qu'une peine de prison (avec sursis ?) supérieure
à 2 ans serait injustifiée et demande de ne pas prononcer
l'interdiction professionnelle.
3. Condamnation:
Après le court délibéré, le Président a prononcé le jugement du Tribunal : condamnation du Dr Krombach à 28 mois de prison ; le tribunal a estimé qu'il n'y a pas lieu de statuer sur l'interdiction professionnelle en notant qu'étant donné son âge (72 ans) le condamné ne récupèrerait pas son habilitation ?
Je suis persuadé que cette sentence est le résultat d'une
négociation
:
les marchandages entre la défense et les autorités judiciaires
se sont manifestement poursuivis pendant les nombreuses pauses durant les
2 jours de débats.
Je suis aussi surpris que personne n'a relevé :
- que le Dr Krombach
avait fraudé le fisc
- et qu'il est
officiellement à la retraite depuis pas mal d'années
en percevant les pensions correspondantes !
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